Sois harcelée et tais-toi.

La réaction d’une riveraine de la chapelle / pajol face à l’atténuation du problème du harcèlement par les pouvoirs publics

“Un sentiment” : c’est ainsi que M.Lejoindre, Maire du 18è, M.Féraud, Maire du 10è et le Préfet de Police – soit des hommes – ont osé définir le harcèlement subi.
Ce mépris me dégoûte, mais il vous faut encore plus de faits. Soit, allons-y, déballons.

Mercredi 17 mai, 19h (je serai précise sur ces derniers cas, je n’ai malheureusement pas tenu de petit carnet pour avoir autant de précision pour les cas plus anciens. Mais je vais y remédier et noter l’heure, le lien et le “contenu”)
Je marche rue Riquet. Pour poursuivre sur le trottoir je dois traverser des groupes d’hommes. “Hum y’a quoi sous ta jupe ?” me lance le 1er. Un second, quelques mètres plus loin “viens je te baise” et un 3ème “hey c’est quoi ton nom ?”

Mardi 16 mai, même heure, même endroit. “Oh comme t’es charmante !” J’ose répondre “Lâche moi”. Quelle idée ! “Salope, ferme ta gueule sale pute !” Soit harcelée, mais surtout tais-toi.

Marché de l’Olive, je marche les bras chargés. Des groupes qui stagnent. Sifflements. Je réponds de me laisser tranquille. Les insultes fusent. Soit harcelée, mais surtout tais-toi.

Quelques semaines avant, rue Philippe de Girard, qui est aussi une rue occupée uniquement par des hommes. Je marche, et j’ose regarder devant moi, en passant là encore au travers d’un groupe stagnant sur le trottoir “Baisse les yeux salope”.
Je vais marcher sur la route dorénavant.

Il vous en faut encore ? La parole des femmes doit être vérifiée, encore et encore. A l’avenir je prendrai un greffier avec moi pour qu’il note tout. Porter plainte ? Les élus de la mairie ont tenté. Réponse de la police “Si on devait faire une plainte à chaque insulte ou mains aux fesses on n’aurait pas fini”. Ah ….

Bref, continuons.

Là mes souvenirs remontent à 1 an, car je ne passe plus par la Place de la Chapelle, le bas de la rue Pajol ou le bas de la rue Marx Dormoy. Ce qui m’a fait cesser ? Je marchais vers le métro. Là je sens un souffle dans mon cou, un homme qui murmure à mon oreille “t’es bonne”. Le sentir aussi près a été l’élément déclencheur.
La Chapelle, c’est des bandes d’hommes qui stagnent, le pire moment est entre 18h et 21h. “Charmante” “tes bonne” ou des sifflements en tout genre ponctuent le trajet. Des regards qui vous déshabillent. Oh non, pas tous les jours. 2 à 3 fois par semaine. Minimum.

Des femmes avec qui j’ai échangé suite à la pétition m’ont dit “non je ne me fais pas harcelée à La Chapelle. J’ai arrêté d’y aller, forcément, ça aide.”

Avec les beaux jours, les groupes d’hommes sont omniprésents et occupent les trottoirs. Le harcèlement est présent au quotidien, au point d’adapter sa manière de s’habiller pour espérer ne pas être alpaguée. J’ai eu la chance de ne pas subir d’attouchements. Ne pas se faire tripoter dans la rue c’est donc une “chance” et non quelque chose de normal de nos jours.

Nous dénonçons ce qui se passe dans un quartier, mais allez interroger les femmes d’autres quartiers, d’autres villes, d’autres pays. Le sexisme n’est pas uniquement le fait de La Chapelle et de ses alentours. Il est partout. Il faut que ça cesse.

Dénoncer le harcèlement dans un quartier populaire, c’est du racisme. Dénoncer le harcèlement dans le 16ème, c’est du féminisme.
Le sexisme, le machisme, le harcèlement sexuel n’ont ni âge, ni couleur, ni niveau social.
Si dénoncer ce qui se passe dans un quartier comme La Chapelle dérange, et bien je continuerai de déranger.

A La Chapelle, ce harcèlement et ce sexisme quotidien reflètent plus largement tous les soucis rencontrés par le quartier. Mais ça dérange. Peu importe : je ne veux plus être harcelée et je ne me tairais plus.